• Ecrire à partir d'une photo (3)

    On ne s'en lasse pas encore.

    Et on a jusqu'à mercredi prochain pour écrire à partir de :roof_over_head_by_marx77-d68qequ.jpg

     Photo : Roof Over Head  de MARX77 (Khuram Lawrence)

      

      

    Et voici (enfin !) les textes de cette semaine :

      

    Par Mme Têtard :

    Bienvenue au défilé de la Loisir Fashion Week de juin.Cette saison, les créateurs se sont lâchés sur le style « Camping à Barbè’s Street Wear ».

    Dans ce superbe décor puissamment cyclindré, Steven, à gauche, vous présente sa tenue : Très swag avec sa tente en carton 100% recyclable sur la tête, son ensemble pantalon façon pyjama et veste à poches géantes en pur synthétique beiges qui viennent élégamment rehausser l’allure « camping fashion » donnée par cette magnifique paire de claquettes en simili cuir. Un sac à main en plastique façon pochon, vient compléter l’ensemble avec classe et discrétion. A droite, Ted, très à l’aise en jean à larges revers, le larfeuille dans la poche arrière, porte, quant à lui, un petit top moulant blanc crème, laissant deviner, par transparence, un sulfureux petit Marcel très vintage. Comme Steven, Ted arbore fièrement ses sandalettes masculines à épaisses lanières marron, 100% croûte de cuir. La semaine prochaine, la Fashion Week se déroulera à Tahiti. D’ici là, bon shopping !

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     Par Mel(ymélo) :

    Tard  le soir, Elie avait fini par rentrer chez lui.


    Il s'était éveillé, avait vérifié l'état impeccable de ses vêtements, ajusté l'ourlet de ses pantalons, frotté ses sandales légèrement poussiéreuses; son état lui semblait convenable. Néanmoins, au  moment d'ajuster ses lunettes sur son nez, son geste était resté suspendu quelques secondes. Il n'y avait plus d'endroit où les poser. Intrigué, il chercha dans le terrain vague quelqu'objet qui pût faire l'affaire. Il aperçut alors sa tête. Toute seule. Elle avait roulé un peu en contrebas. Elle était proprement découpée au niveau du cou. Une jolie couleur – ne fût la poussière - et les cheveux légèrement ébouriffés par le vent. Il se saisit d'un sac qui jonchait le sol, et y déposa sa tête. Regagnant la rue, il envisagea la surprise, le dégoût, le rejet peut-être que susciterait son apparition étêtée. Un tour rapide d'horizon lui permit de dénicher quelques cartons qu'il empila au dessus de son cou.


    Il rentra chez lui paisiblement.

    A l'abri des regards des autres.

    Et aussi de la pluie.

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     Par abcdefghij :

    C’est pour ce soir.

    A partir de ce soir,  ma chère, je ne t’entendrai plus jamais me dire que si tu avais su, tu aurais épousé Alfred. C’est qu’il a réussi, lui.

    Tu ne me reprocheras jamais plus mon salaire minable de traducteur chez Penguin, qui m’obligeait, disais-tu (Vive l’imparfait ! il te va si bien) à vivre à tes crochets. Tu ne m’enverras plus dans la tronche chaque matin au petit déj’, ou entre la poire et le fromage, que c’est toi qui paies tout ; que notre particulier en plein Huitième, il est à toi ; que sans toi j’habiterais un pavillon de banlieue ou un F2 à Belleville ; tu ne pleureras plus ta particule perdue, par ma faute ; je ne t’entendrai plus soupirer d’ennui au lit, en écartant vaguement tes nobles cuisses d’un air dédaigneux. Pourtant, ça te plaisait au début... C’est d’ailleurs pour ça que tu m’as épousé, non ?

    Ce soir, c’est moi qui parlerai, pour une fois. Je te dirai que pour les flics, tu as déjà disparu depuis trois jours ; que, pendant que tu crèves de trouille attachée dans la cave, au milieu des bouteilles millésimées de ton défunt père  (celles qui étaient trop bonnes pour ma gueule, tu te souviens, que je n’aurais pas appréciées à leur juste valeur…), j’ai été signaler ta disparition au Commissariat, des sanglots dans la voix; qu’ils n’ont pas encore ouvert d’enquête, les flics - vu que pas encore de corps. (Ils sont débordés, tu sais) ; que ta Bentley, Cynthia l’a garée dimanche sur un ancien parking, à des centaines de kilomètres d’ici. On croira à un vol qui a mal tourné.

    Ça va être un crime parfait, ma tendre épouse, et tu peux être fière d’y figurer parmi les protagonistes.

    Et avant de te pousser, je te parlerai de Cynthia.  Au lit, elle soupire pas, elle, ou alors pas comme toi. Elle sera mon alibi, ce soir, un magnifique alibi gaulé comme une déesse. Parce que je vais aller la rejoindre juste après, et elle va me faire passer ma culpabilité entre ses seins.

    Je te raconterai aussi (tu vas sans doute pas aimer) comment j’ai un peu aidé ton père à avoir son accident fatal, et pourquoi il a pas pu freiner dans ce virage. Lui qui ne m’a jamais considéré comme son gendre, et qui gonflait sa poitrine - ce qui faisait ressortir à point nommé  son portefeuille  - quand il me parlait de ses affaires, de ses terres, de ses vignobles… en me tutoyant avec condescendance.

    Allez, garde la tête froide, et récapitule, mon p’tit gars, parce que t’as pas droit à l’erreur : elle tombe du haut de son escalier en marbre (aïe, ça fait mal, hein ?). Une folie, une horreur, cet escalier prétentieux, juste dans l’entrée ; on pouvait pas le louper, ce signe extérieur de richesse et de mauvais goût, blanc et froid, comme elle.

    Si ça suffit pas, un petit coup sur la nuque.

    Je t’emballe tout ça, et hop, sur le toit de ma Saxo. Ensuite,  je te poste le colis dans la Seine. Frais de port inclus.

    La nappe en plastique : OK.

    Le Chatterton  : OK.

    Ça devrait aller, ces cartons en guise de dernière demeure…

    J’en ai pas eu pour bien cher, hein ? Une affaire.

     

    Bon, je crois que j’ai tout : y’a plus qu’à.

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    Par delphineG63 :

    Shenzen, 2008.

    Je suis toujours là, moi. Je bosse encore comme un forçat alors que j'ai 70 ans. Livrer des colis, transporter des paquets, tout ça à pied, par tout temps, quelque soit mon chargement... ça n'en finira donc jamais...

    Pourtant, il y a 30 ans, j'y ai cru aux paroles du petit timonier « il est glorieux de s'enrichir ». Il n'a pas précisé que tout le monde n'y aurait pas droit. Pourtant je n'ai pas ménagé ma peine.

    Aujourd'hui, quand je traverse ces rues où les boutiques de luxe ont depuis longtemps remplacé les échoppes de mon enfance, j'ai mal au cœur, j'ai les poches vides.

    Ce serait bien si je pouvais avoir une moto, je serais moins épuisé. Pfff... Vaut mieux pas que je regarde..., ça sert à rien, mais ça fait mal.

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    Par Sev02 :

    Un service...un service qu'ils m'avaient dit les collègues...

    Bon , moi, je suis bien sympa mais c'est la dernière fois hein.

    D'ailleurs ça vaut bien 1 mois de service de récré ça...

    Non, Monsieur , c'est pas une maison qui parle! Et puis même si c'était une maison qui parle qu'est-ce que ça peut vous faire?

    Ah non, ça c'est sûr, l'an prochain les cartons pour les décors de kermesse c'est pas moi qui m'y colle!

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    Par Joelafrite :

    Promulgation d'un arrêté anti-mendicité, les SDF sont priés de dégager.

    Ils gênent les touristes, salauds de pauvres.


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